Par JĂ©sus-Christ, lâamour de Dieu et lâamour du prochain sont rĂ©unis en un seul mouvement. En lui, la vertu de charitĂ© couronne le don de la foi et le don de lâ allĂ©gories catholiques de la CharitĂ© peuvent surprendre car elles reprĂ©sentent souvent un vieillard chenu tĂ©tant goulĂ»ment comme un nourrisson le sein dâune femme plantureuse. Il sâagit de la charitĂ© romaine qui nourrit ceux qui sont dĂ©crĂ©pis et affamĂ©s, ceci sans se lasser. En France, le XVIIe siĂšcle sâest plu Ă camper une mĂšre de famille prenant soin de ses enfants et les grenade, un sang qui vivifieLe tableau de Philippe de Champaigne, utilisĂ© comme illustration de ce propos, est particuliĂšrement profond. On y reconnaĂźt lâorigine flamande du peintre car la femme majestueuse et souriante qui occupe la place principale possĂšde des traits rubĂ©niens. Elle est harcelĂ©e par trois enfants dodus, lâun occupĂ© Ă sucer son lait, le second, un peu en arriĂšre, plongeant son regard dans celui de sa mĂšre, et le troisiĂšme, se haussant sur la pointe des pieds, essayant dâatteindre la grenade Ă©corcĂ©e que tient dĂ©licatement la CharitĂ© sur la tĂȘte de laquelle plane le feu du Saint-Esprit. La grenade est le symbole du Corps du Christ les grains serrĂ©s et rouges sont comme son sang qui vivifie ceux qui le boivent. Ces grains sont inĂ©puisables. La lĂ©gende rapporte quâils sont au nombre de 613, le nombre de lois du Pentateuque, donc la perfection de la Torah donnĂ©e Ă MoĂŻse. Le Christ Ă©tant la vĂ©ritable et unique Loi, il est cette grenade qui est partagĂ©e entre tous sans jamais ĂȘtre de lâamour de Dieu et du prochainQuâest-ce que la charitĂ© ? La rĂ©ponse est simple elle est lâamour de Dieu pour lui-mĂȘme et lâamour du prochain. Câest un double mouvement qui nâen fait quâun. Il est souvent soutenu que ce commandement dâamour prĂȘchĂ© par le Christ nâapporte rien de nouveau par rapport Ă lâAncien Testament. Ceci nâest pas vrai. Lâancienne Alliance parle en effet de lâamour de Dieu, et aussi de lâamour du prochain, mais Notre Seigneur est celui qui unit les deux en un seul, ce qui est bien normal puisquâil est lui-mĂȘme le couronnement et la perfection de la Loi. Ainsi, le DeutĂ©ronome 6, 5, oĂč MoĂŻse rapporte ce que Dieu veut Vous aimerez le Seigneur votre Dieu, de tout votre cĆur, de toute votre Ăąme, et de toutes vos forces », et le LĂ©vitique 19, 18, oĂč il rĂ©pĂšte aussi ce que Dieu attend de son peuple Vous aimerez votre ami comme vous-mĂȘme. »Lire aussi La vertu dâespĂ©rance, expĂ©rience de lâĂternitĂ©Les deux injonctions sont sĂ©parĂ©es lâun de lâautre, perdues dans la multitude des rĂšgles et des commandements. Le Christ va opĂ©rer une rĂ©volution en associant les deux lorsquâil rĂ©pond au piĂšge tendu par les pharisiens MaĂźtre, quel est le grand commandement de la loi ? » Mt 22, 36. JĂ©sus livre alors le cĆur de la Loi Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cĆur, de toute votre Ăąme et de tout votre esprit. Câest lĂ le premier et le plus grand commandement. Et voici le second qui est semblable Ă celui-lĂ vous aimerez votre prochain comme vous-mĂȘme. » Une hiĂ©rarchie subsiste cependant dans cette union puisque lâamour de Dieu doit prĂ©cĂ©der lâamour du prochain sinon ce dernier serait feu qui doit se rĂ©pandre partoutDe plus, le Christ va Ă©largir lâidĂ©e dâami, de prochain. Lorsquâun scribe, lui aussi tentant de prendre JĂ©sus en faute, lui demande Qui est mon prochain ? » Lc 10, 29, le MaĂźtre va raconter la parabole du bon samaritain, ne rĂ©duisant plus le prochain Ă la catĂ©gorie de ceux qui appartiennent au peuple Ă©lu tout homme est le prochain, y compris un hĂ©rĂ©tique et un schismatique. La charitĂ© ne connaĂźt plus de frontiĂšre. Elle nâest plus une rĂšgle Ă mettre en pratique au sein dâune communautĂ© limitĂ©e, elle est un feu qui doit se rĂ©pandre partout. Elle est une grenade Ă©clatĂ©e et ouverte et chacun doit pouvoir en grignoter un grain. Elle est donc la reine des vertus, celle qui ne passera jamais, comme le chante saint Paul dans son hymne de la PremiĂšre Ă©pĂźtre aux Corinthiens 13, 8 La charitĂ© ne finira jamais. Les prophĂ©ties nâauront plus de lieu, les langues cesseront, et la science sera abolie. » Sâadressant aux Colossiens dans une autre Ă©pĂźtre, lâapĂŽtre des Gentils prĂ©cisera Mais surtout revĂȘtez-vous de la charitĂ©, qui est le lien de la perfection ».Lire aussi La vertu de foi, porte de la vie Ă©ternelleLa plus grande des vertusVoilĂ pourquoi saint Thomas dâAquin consacrera un traitĂ© trĂšs long et riche Ă expliquer ce quâest la charitĂ©, vertu thĂ©ologale Somme thĂ©ologique II-IIae, Il commentera notamment les mots de saint Paul dans la PremiĂšre Ă©pĂźtre aux Corinthiens 13, 13 De ces trois vertus foi, espĂ©rance et charitĂ©, la plus grande est la charitĂ©. » La charitĂ© atteint Dieu tel quâil subsiste en lui-mĂȘme, et non pas en tant que de lui quelque chose nous survient » Ă©crit le Docteur â si lâon peut employer ici cette expression, la charitĂ© est la troisiĂšme des vertus thĂ©ologales. Il faut dâabord que notre conscience sâĂ©veille Ă Dieu, parce quâelle est capable » de Dieu, ceci par la foi qui est notre assentiment aux vĂ©ritĂ©s rĂ©vĂ©lĂ©es qui ne peuvent ĂȘtre saisies par lâexercice de notre simple raison. Ensuite, la foi a besoin dâĂȘtre tenue en haleine en quelque sorte car, sinon, notre volontĂ© flanche et nous retombons dans lâindiffĂ©rence ou lâincrĂ©dulitĂ©. DâoĂč lâespĂ©rance qui nous laisse entrevoir la bĂ©atitude qui nous comblera vraiment. La charitĂ© entre alors en jeu, comme un couronnement, une transfiguration de la conscience surnaturelle » pour reprendre lâexpression du pĂšre hiĂ©rarchie dans la charitĂ©Nous ne rĂ©alisons pas suffisamment que le pĂ©chĂ© mortel nous prive de la charitĂ© puisquâil nous fait perdre la grĂące sanctifiante, tandis que nous conservons cependant la foi et lâespĂ©rance, ce qui nous permet de nous ressaisir, de nous relever, de nous repentir. Notre expĂ©rience du pĂ©chĂ© nous fait bien toucher du doigt Ă quel point la charitĂ© est prĂ©cieuse, principe vital et mobile souverain. Le sujet de la charitĂ© est bien notre volontĂ©, et son objet est ceux que doit viser sa dilection, Ă savoir Dieu, nous-mĂȘmes et le prochain. Ainsi existe-t-il un ordre formel, une hiĂ©rarchie dans la aussi Comment la vertu tend vers le vrai juste milieuCependant cette logique nâest pas rigide car lâaspect subjectif de la charitĂ©, selon les circonstances, nuancera cet ordre prĂ©existant. Saint Thomas dâAquin dĂ©veloppe avec beaucoup de dĂ©tail et de finesse cet ordre de la charitĂ©. Il nâen reste pas moins que le premier qui doit ĂȘtre servi est bien entendu Dieu, origine de toute charitĂ© Câest [âŠ] Dieu qui par la charitĂ© doit ĂȘtre aimĂ© principalement et par-dessus tout il est aimĂ©, en effet, comme la cause de la bĂ©atitude, tandis que le prochain est aimĂ© comme participant en mĂȘme temps que nous Ă la bĂ©atitude » conclusion. La charitĂ© envers Dieu nâest pas dâune autre essence que celle envers le prochain. Il sâagit dâune diffĂ©rence de degrĂ© et de prioritĂ©, mais il nâexiste pas de charitĂ© premiĂšre qualitĂ© » et une autre de second choix, contrairement Ă la nourriture industrielle qui sâĂ©tale dans nos magasins. LâinĂ©galitĂ© ne rĂ©side que dans la premiĂšre place Ă donner. Ceci vaut aussi pour lâamour du prochain. Notre Docteur a raison de souligner le point suivant [âŠ] MĂȘme sous le rapport de lâaffection, il convient quâil y ait des inĂ©galitĂ©s dans notre amour du prochain. Et en voici la raison Dieu et celui qui aime Ă©tant les principes de lâamour, il est nĂ©cessaire quâil y ait un plus grand sentiment de dilection, selon que celui qui en est lâobjet est plus rapprochĂ© de lâun de ces deux principes » conclusion. Ce qui signifie que celui qui prĂ©tend aimer passionnĂ©ment ceux quâil ne voit que sur son Ă©cran de tĂ©lĂ©vision et qui dĂ©laisse sa vieille mĂšre dans un taudis, ne vit aucune charitĂ© qui, lĂ encore, doit ĂȘtre bien ordonnĂ©e. Commençons par aimer les membres de notre famille, les membres de notre communautĂ©, les membres de notre pays, avant de loucher ailleurs en Ă©talant de grands sentiments qui ne reposent pas sur la charitĂ© de aussi Comment les vertus nous perfectionnent-elles ? Son cĆur fondait »Pour refermer cette trop brĂšve rĂ©flexion, contemplons Celle qui a vĂ©cu de la charitĂ© parfaite puisquâelle lâa portĂ©e en son sein, la TrĂšs Sainte Vierge Marie. Charles PĂ©guy, dans justement Le MystĂšre de la CharitĂ©, la campe alors quâelle suit son Fils vers le Calvaire Elle pleurait. Elle fondait. Son cĆur fondait. Son corps se fondait. Elle fondait de bontĂ©. De charitĂ©. »La charitĂ©, vraiment vĂ©cue comme vertu thĂ©ologale, fait fondre lâĂȘtre et le remodĂšle Ă son image. VoilĂ pourquoi les grands saints nous Ă©tonnent tellement et provoquent notre admiration. Ils ont fondu et une autre matiĂšre a pris la place de leur chair pĂ©rissable la charitĂ© qui ne meurt jamais et qui trĂŽnera dans lâ vertu et la grĂące de France en trois allĂ©gories
Joliparadoxe : la femme est le chef-d'Ćuvre de Dieu, surtout quand elle a le diable au corps. Alphonse Allais. De la bourse ou de la vie, le voleur vous laisse le choix. La femme exige les deux. Jean Cocteau. La femme a une puissance singuliĂšre qui se compose de la rĂ©alitĂ© de la force et de l'apparence de la faiblesse. Victor Hugo. Une femme 41. Le royaume de Dieu est inscrit dans la GenĂšse Si lâon pouvait supposer que lâhistoire de lâhumanitĂ© se dĂ©roule selon un scĂ©nario, une idĂ©e, un dessein, une stratĂ©gie, lâavenir serait plus facile Ă comprendre. Et de fait, nous connaissons le but de lâopĂ©ration rĂ©pandre » le royaume de Dieu sur terre. Dans le Notre PĂšre », nous prions pour que Son rĂšgne arrive. Autrement dit, lâhomme, aprĂšs avoir Ă©tĂ© chassĂ© du Paradis, doit tout seul en retrouver le chemin. Dieu met le joyau de Sa crĂ©ation Ă lâĂ©preuve, non sans lui fournir de prĂ©cieux indices sur la façon dont il convient de sây prendre. NĂ©anmoins, le Nouveau Testament Ă©tablit de nouvelles rĂšgles la toute-puissance de Dieu fait face au libre-arbitre de lâhomme â Ă qui est ainsi lancĂ© un immense dĂ©fi. Comment ce scĂ©nario de Dieu doit-il ĂȘtre rĂ©alisĂ© ? Quel pacte Dieu conclut-Il avec lâhomme ? Lâhomme peut-il sans lâaide immĂ©diate de Dieu trouver le chemin de la connaissance ? Adam et Ăve ont Ă©tĂ© ensemble chassĂ©s du paradis. Doivent-ils chercher ensemble le chemin du retour ou chacun de son cĂŽtĂ© ? Le scĂ©nario » suit des rĂšgles Ă©lĂ©mentaires 1. Lâhomme et la femme sont chacun dotĂ©s dâun Ă©quipement spĂ©cifique de base 2. Les principes selon lesquels le scĂ©nario doit ĂȘtre exĂ©cutĂ© sont donnĂ©s 3. Lâhomme et Dieu sont liĂ©s par un pacte. Dieu dit au serpent Je mettrai une hostilitĂ© entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il JĂ©sus tâĂ©crasera la tĂȘte et tu Marie lâatteindras au talon Ă la femme Il dit Je multiplierai les peines de tes grossesses, dans la peine tu enfanteras des fils. Ta convoitise te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi.â » La mission de la femme, bouclier contre le serpent le mal est claire atteindre le mal au talon, câest-Ă -dire lâimmobiliser, le mettre hors de combat, dire publiquement la vĂ©ritĂ© Ă son propos. Le rĂŽle essentiel de la femme est de confondre le serpent. Avec ses connaissances innĂ©es, elle est en mesure de dĂ©masquer la stratĂ©gie du mal. Elle peut aussi, avec la mĂȘme puissance de persuasion, Ă©tayer les machinations du serpent. Pour la femme, la punition est double elle enfante dans la douleur, elle est poussĂ©e vers son mari mais lui la dominera. On a peine aujourdâhui Ă âLa femme est la seconde faute de Dieuâ â âSi les Ă©poux ne vivaient pas ensemble, les bons mariages seraient plus frĂ©quentsâ â âOn ne fonde pas le mariage sur « l'amour », on le fonde sur l'instinct de l'espĂšce, sur l'instinct de propriĂ©tĂ© (la femme et les enfants Ă©tant des propriĂ©tĂ©s), sur l'instinct de la domination qui sans cesse s'organise dans la famille enL'Ă©vangile du jour Ce que Dieu a uni, que personne ne le sĂ©pare ! » Mc 10, 1-12 En ce temps-lĂ , JĂ©sus arriva dans le territoire de la JudĂ©e, au-delĂ du Jourdain. De nouveau, des foules sâassemblĂšrent prĂšs de lui, et de nouveau, comme dâhabitude, il les enseignait. Des pharisiens lâabordĂšrent et, pour le mettre Ă lâĂ©preuve, ils lui demandaient Est-il permis Ă un mari de renvoyer sa femme ? » JĂ©sus leur rĂ©pondit Que vous a prescrit MoĂŻse ? » Ils lui dirent MoĂŻse a permis de renvoyer sa femme Ă condition dâĂ©tablir un acte de rĂ©pudiation. » JĂ©sus rĂ©pliqua Câest en raison de la duretĂ© de vos cĆurs quâil a formulĂ© pour vous cette rĂšgle. Mais, au commencement de la crĂ©ation, Dieu les fit homme et femme. Ă cause de cela, lâhomme quittera son pĂšre et sa mĂšre, il sâattachera Ă sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que lâhomme ne le sĂ©pare ! » De retour Ă la maison, les disciples lâinterrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur dĂ©clara Celui qui renvoie sa femme et en Ă©pouse une autre devient adultĂšre envers elle. Si une femme qui a renvoyĂ© son mari en Ă©pouse un autre, elle devient adultĂšre. » MĂ©diter avec les Carmes Les Pharisiens voulaient tendre Ă JĂ©sus un piĂšge et le mettre en contradiction avec MoĂŻse. Ils ont posĂ© leur question au sujet du divorce, plus exactement au sujet du renvoi de l'Ă©pouse, mais la rĂ©ponse de JĂ©sus Ă©claire d'un coup tous les secteurs de la vie morale Vous vous appuyez sur une permission de MoĂŻse, dit JĂ©sus Ă ses contradicteurs ; mais avant MoĂŻse, il y a Dieu, avant les arrangements de MoĂŻse, il faut voir le dessein de Dieu, comment Dieu a fait les choses "au commencement", c'est-Ă -dire au moment de la crĂ©ation. Dieu a voulu la complĂ©mentaritĂ© de l'homme et de la femme ; il les a voulus diffĂ©rents, tout en donnant Ă l'homme et Ă la femme une Ă©gale dignitĂ©. C'est Ă partir de cette diffĂ©rence qu'il a créé la merveille de l'amour et la merveille de la vie, et il a dit "Les deux ne feront qu'un seul ĂȘtre". Ils demeurent diffĂ©rents ; elle et lui restent comptables devant Dieu de leurs choix et de leur libertĂ© ; mais l'amour a liĂ© entre eux un lien irrĂ©versible, irrĂ©versible parce qu'ils sont entrĂ©s tous deux, librement, dans l'Ćuvre de Dieu. Ce que Dieu a uni, ce que Dieu a voulu un, il n'appartient pas aux humains de le dĂ©sunir. Personne ne peut dĂ©faire ce que Dieu a fait ; personne ne peut dĂ©dire ce que Dieu a particulier aucune loi humaine ne peut prĂ©valoir contre le dessein de Dieu. Qu'il s'agisse de l'indissolubilitĂ© du couple, de l'euthanasie, des progrĂšs de la gĂ©nĂ©tique, des droits de l'embryon humain ou de son usage Ă des fins de recherche scientifique, le croyant doit se dĂ©terminer, finalement, non Ă partir de ce que permettent ou rĂ©prouvent les gouvernements europĂ©ens, mais Ă partir de ce que Dieu a fait pour l'homme et de ce que Dieu a dit de la vie et de la saint Paul rappelait aux chrĂ©tiens "Ne vous modelez pas sur le monde prĂ©sent, mais mĂ©tamorphosez-vous par un changement de votre mentalitĂ©, pour discerner quelle est la volontĂ© de Dieu, ce qui est bien, ce qui lui est agrĂ©able, ce qui est parfait" Rm 12,1.Cependant, autant le chrĂ©tien doit se montrer courageux dans ses propres choix, autant il doit se garder de condamner ceux qui l'entourent, croyants ou incroyants. RĂ©prouver une action, mĂȘme avec Ă©nergie, n'Ă©quivaut jamais Ă rejeter ceux qui ont agi. Pour prendre un exemple quelle est la famille qui ne compte aujourd'hui des cas douloureux de foyers dĂ©sunis ou de couples recomposĂ©s, en dĂ©pit de l'Ă©chec d'un premier amour ? Que pouvons-nous faire, dans le silence du cloĂźtre, sinon respecter douloureusement ces options douloureuses, et porter dans la priĂšre ou dans l'imploration ces hommes et ces femmes blessĂ©s, comme Dieu les porte dans son amour et sa misĂ©ricorde ? De mĂȘme notre conscience de croyants ne peut que s'insurger devant certaines audaces scientifiques qui ĂŽtent Ă l'ĂȘtre humain toute sa dignitĂ©. Mais, parce que nous sommes dans l'Ăglise des permanents de la priĂšre, il nous faut tout autant demander lumiĂšre et discernement pour tant de savants chrĂ©tiens confrontĂ©s aux Ă©nigmes de la vie, et qui travaillent sur les marges du savoir, face Ă des problĂšmes que jamais personne ne s'est posĂ©s, et avec des pouvoirs que jamais les hommes n'ont eus en mains. Personne, parfois, n'est passĂ© avant eux pour faire des lois, pour permettre ou interdire ; et souvent, face Ă la complexitĂ© de ce qu'ils dĂ©couvrent, ils se demandent, angoissĂ©s "Qu'est-ce que Dieu a voulu au commencement ?" "Envoie, Seigneur, ta lumiĂšre et ta vĂ©ritĂ©, qu'elles soient leur guide, et les ramĂšne", dans la paix, "face au mystĂšre oĂč tu fais ta demeure". Fortifie, Seigneur, ceux que tu as unis pour toujours par le sacrement du mariage. Qu'ils puisent dans ta fidĂ©litĂ© le courage de se rester fidĂšles. Dans les visions de Maria Valtorta Livre Tome 5 - ch 3Ăšme annĂ©e vie publique â Que dĂ©sirez-vous savoir ? â Nous voulions savoir sâil est permis Ă lâhomme de rĂ©pudier sa femme pour un motif quelconque. Câest une chose qui arrive souvent, et chaque fois cela fait du bruit lĂ oĂč cela arrive. Les gens sâadressent Ă nous pour savoir si câest permis et nous rĂ©pondons suivant les cas. â En approuvant le fait accompli quatre-vingt-dix fois sur cent. Pour les dix pour cent que vous nâapprouvez pas, il sâagit des pauvres ou de vos ennemis. â Comment le sais-tu ? â Parce quâil en est ainsi de toutes les affaires humaines. Et jâajoute une troisiĂšme catĂ©gorie celle oĂč, si le divorce Ă©tait permis, il se justifierait davantage, comme dans les vrais cas pĂ©nibles tels quâune lĂšpre incurable, une condamnation Ă vie, ou une maladie honteuse⊠â Alors, pour toi, ce nâest jamais permis ? â Ni pour moi, ni pour le TrĂšs-Haut, ni pour aucune Ăąme droite. Nâavez-vous pas lu que le CrĂ©ateur, au commencement des jours, a créé lâhomme et la femme ? Et quâil les crĂ©a mĂąle et femelle ? Il nâavait pas besoin de le faire. Sâil lâavait voulu, il aurait pu, pour le roi de la CrĂ©ation fait Ă son image et Ă sa ressemblance, crĂ©er un autre mode de procrĂ©ation, qui aurait Ă©tĂ© tout aussi bon, bien que diffĂ©rent de tout autre moyen naturel. Et il a dit â Pour cette raison, lâhomme quittera son pĂšre et sa mĂšre et sâunira Ă la femme, et les deux seront une seule chair. â Dieu les a liĂ©s en une seule unitĂ©. Ils ne sont donc plus â deux â chairs mais â une â seule. Ce que Dieu a uni, parce quâil a vu que câĂ©tait â bon â, que lâhomme ne le sĂ©pare pas, car si cela arrivait, ce ne serait plus bon. â Dans ce cas, pourquoi MoĂŻse a-t-il donc dit â Si un homme a pris une femme, mais quâelle nâa pas trouvĂ© grĂące Ă ses yeux pour quelque chose de honteux, il lui Ă©crira un libelle de rĂ©pudiation, le lui remettra en mains propres et la renverra de sa maison â ? â Câest Ă cause de la duretĂ© de votre cĆur pour Ă©viter, par un ordre, des dĂ©sordres trop graves. Câest pour cela quâil vous a permis de rĂ©pudier vos femmes. Mais au commencement, il nâen Ă©tait pas ainsi. Car la femme nâest pas une bĂȘte qui, selon les caprices de son maĂźtre ou les libres circonstances naturelles, est soumise Ă tel ou tel mĂąle, chair sans Ăąme qui sâaccouple pour la reproduction. Vos femmes ont une Ăąme comme vous, et il nâest pas juste que vous la piĂ©tiniez sans pitiĂ©. Sâil est dit dans sa condamnation â Tu seras soumise au pouvoir de ton mari et il te dominera â, cela doit se produire selon la justice et non selon la tyrannie qui lĂšse les droits dâune Ăąme libre et digne de respect. En rĂ©pudiant alors que ce nâest pas permis, vous offensez lâĂąme de votre compagne, la chair jumelle qui sâest unie Ă la vĂŽtre, ce tout quâest la femme que vous avez Ă©pousĂ©e en exigeant son honnĂȘtetĂ©, alors que vous, parjures, vous allez vers elle, dĂ©shonorĂ©s, diminuĂ©s, parfois corrompus, et vous continuez Ă lâĂȘtre en profitant de toute bonne occasion pour la blesser et donner libre cours Ă vos passions insatiables. Vous faites de vos femmes des prostituĂ©es ! Pour aucun motif, vous ne pouvez-vous sĂ©parer de la femme qui vous est unie selon la Loi et la BĂ©nĂ©diction. Câest seulement dans le cas oĂč la grĂące vous touche, quand vous comprenez que la femme nâest pas un objet que lâon possĂšde mais une Ăąme et donc quâelle a des droits Ă©gaux aux vĂŽtres dâĂȘtre reconnue comme faisant partie intĂ©grante de lâhomme et non pas comme son objet de plaisir, et câest seulement dans le cas oĂč votre cĆur est assez dur pour ne pas Ă©pouser une femme aprĂšs avoir profitĂ© dâelle comme dâune courtisane, seulement pour faire disparaĂźtre le scandale de deux personnes qui vivent ensemble sans la bĂ©nĂ©diction de Dieu sur leur union que vous pouvez renvoyer une femme. Câest quâalors il ne sâagit pas dâunion mais de fornication, et qui souvent nâest pas honorĂ©e par la venue des enfants supprimĂ©s contre nature ou Ă©loignĂ©s comme dĂ©shonorants. Dans aucun autre cas, dans aucun autre. Car si vous avez des enfants illĂ©gitimes dâune concubine, vous avez le devoir de mettre fin au scandale en lâĂ©pousant si vous ĂȘtes libres. Je ne mâarrĂȘte pas Ă lâadultĂšre consommĂ© au dĂ©triment dâune femme ignorante. Pour cela, il y a les pierres de la lapidation et les flammes du shĂ©ol. Mais pour celui qui renvoie son Ă©pouse lĂ©gitime parce quâil en est las et qui en prend une autre, il nây a quâun jugement câest un adultĂšre. Il en est de mĂȘme pour celui qui prend une femme rĂ©pudiĂ©e, car si lâhomme sâest arrogĂ© le droit de sĂ©parer ce que Dieu a uni, lâunion matrimoniale continue aux yeux de Dieu et celui qui passe Ă une seconde femme sans ĂȘtre veuf est maudit. Quant Ă lâhomme qui, aprĂšs avoir rĂ©pudiĂ© sa femme, aprĂšs lâavoir abandonnĂ©e aux craintes de lâexistence qui lâobligent Ă se remarier pour avoir du pain, la reprend si elle reste veuve du second mari, il est Ă©galement maudit. Car, bien quâĂ©tant veuve, elle a Ă©tĂ© adultĂšre par votre faute et vous redoubleriez son adultĂšre. Avez-vous compris, ĂŽ pharisiens qui me tentez ? »
1Corinthiens 11.7: L'homme ne doit pas se couvrir la tĂȘte, puisqu'il est l'image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de l'homme. La femme a Ă©tĂ© tirĂ© de l'homme, c'est une aide qui lui correspond. AprĂšs la question de la TrinitĂ©, AndrĂ© Gounelle aborde celle de la divinitĂ© de JĂ©sus *, au sujet de laquelle plusieurs de nos lecteurs nous ont demandĂ© des Ă©claircissements. Ă cette question, pour ma part, je rĂ©ponds Non ». Je crois que Dieu se rend prĂ©sent et agit en JĂ©sus de Nazareth, quâil me rencontre et me parle Ă travers lui, mais pas que JĂ©sus soit Dieu. Si, pour moi, il y a du divin en JĂ©sus, il nâest pas lui-mĂȘme divin ; il est uniquement mais exemplairement humain. Beaucoup estiment que cette conviction va contre lâenseignement Ă©vangĂ©lique et contre la doctrine gĂ©nĂ©ralement admise par les chrĂ©tiens. Cette objection ne me paraĂźt pas fondĂ©e ; Ă mon sens, aussi bien le Nouveau Testament que les grands Conciles sont beaucoup plus complexes, nuancĂ©s et indĂ©cis sur ce point quâon ne le pense souvent. On trouve dans le Nouveau Testament deux sĂ©ries dâaffirmations. La premiĂšre suppose une Ă©troite proximitĂ© et une union entre Dieu et JĂ©sus, la seconde une distance et une diffĂ©rence. Dâun cĂŽtĂ©, JĂ©sus dit Moi et le PĂšre, nous sommes un » Jn 10,30, qui mâa vu a vu le PĂšre » Jn 14,9, le PĂšre est en moi » Jn 10,38. De lâautre, il dĂ©clare Celui qui croit en moi croit non pas en moi, mais en celui qui mâa envoyĂ© » Jn 12,44, le PĂšre est plus grand que moi » Jn 14,28, pourquoi mâappelles-tu bon ? Personne nâest bon, si ce nâest Dieu seul » Mc 10,18. JĂ©sus parle de Dieu comme dâun ĂȘtre distinct, qui se situe au-dessus de lui, qui lâa envoyĂ©, lui a donnĂ© une mission, auquel il obĂ©it que ta volontĂ© soit faite, non la mienne », Lc 22,44 et quâil prie. Il met ainsi lâaccent sur lâaltĂ©ritĂ© et la supĂ©rioritĂ© de Dieu. Mais Thomas, en prĂ©sence du RessuscitĂ©, lui dit mon seigneur et mon Dieu » Jn 20,28. On pourrait sans peine multiplier les citations et il faudrait longuement discuter de la portĂ©e de chacune dâelles. Prises en leur ensemble, elles suggĂšrent une relation entre Dieu et JĂ©sus qui conjoint une profonde intimitĂ© avec une altĂ©ritĂ© irrĂ©ductible. En 451, le Concile de ChalcĂ©doine dĂ©clare que le Christ est vraiment Dieu et vraiment homme », quâil unit en une seule personne la nature divine et la nature humaine sans confusion⊠ni sĂ©paration ». La formule complĂšte, hautement complexe, aux termes soigneusement pesĂ©s, trĂšs balancĂ©e en la lisant, on se demande sans cesse si chaque phrase ne nie pas celle qui la prĂ©cĂšde a Ă©tĂ© mise au point Ă la suite de conflits violents et de dĂ©bats obscurs. Elle demanderait de longues explications sur le contexte historique et de minutieuses analyses des notions utilisĂ©es. Elle nâest probablement pas aussi absurde quâelle ne le paraĂźt Ă premiĂšre et souvent Ă deuxiĂšme lecture. En tout cas, elle me semble voir juste en interdisant Ă la fois dâidentifier et de sĂ©parer JĂ©sus et Dieu. Elle rĂ©pĂšte, dans un style qui manque Ă nos yeux de simplicitĂ© et de limpiditĂ©, lâidĂ©e nĂ©otestamentaire dâun lien Ă©troit qui ne supprime pas la diffĂ©rence. Dans le monde antique on connaissait des demidieux » nĂ©s de lâunion dâun dieu et dâune femme ou dâun homme et dâune dĂ©esse, et donc sexuellement fils de Dieu », des dieux dĂ©guisĂ©s tel Jupiter prenant provisoirement une forme humaine, en gĂ©nĂ©ral pour sĂ©duire une mortelle. On voit parfois affleurer dans le christianisme lâidĂ©e de Dieu transformĂ© », Dieu renonçant Ă sa divinitĂ© pour devenir humain, ce qui en ferait, en quelque sorte, un ex Dieu » ou un Dieu dĂ©missionnaire. Ces considĂ©rations sont Ă©trangĂšres au Nouveau Testament. Quand il nomme JĂ©sus fils de Dieu », cette expression nâa pas grand-chose de commun avec ce que je viens dâĂ©voquer et ne comporte pas dâallusiondirecte Ă une naissance miraculeuse que lâĂ©vangile de Luc prĂ©sente comme un acte crĂ©ateur semblable Ă celui de la GenĂšse, et non c omme une insĂ©mination divine. Tous les humains et toutes les crĂ©atures sont des enfants de Dieu et les croyants le sont plus particuliĂšrement Ceux qui sont conduits par lâEsprit de Dieu sont fils de Dieu » Rm 8,14 ; nous sommes tous fils de Dieu par la foi » Ga 3,26. Il ne sâagit nullement dâun statut exceptionnel qui ferait sortir de lâhumanitĂ© ou qui ajouterait quelque chose Ă lâhumanitĂ©. Pour JĂ©sus, on prĂ©cise quâil est fils unique », ce qui indique une proximitĂ© trĂšs forte sans autoriser une quelconque assimilation avec le PĂšre. Au fil des siĂšcles, lâart, la piĂ©tĂ© populaire, parfois lâenseignement doctrinal ont eu tendance Ă faire de JĂ©sus un dieu marchant sur terre », en oubliant son humanitĂ© ou en la rĂ©duisant Ă une apparence illusoire. On est passĂ© du Fils de Dieu » Ă Dieu le Fils », ce qui nâest pas du tout la mĂȘme chose. Proclamer, sans plus, que JĂ©sus est Dieu ne me paraĂźt pas conforme au Nouveau Testament ; de plus, cette dĂ©claration pourrait bien trahir lâintuition et lâintention du Concile de ChalcĂ©doine. Ce que je crois, je lâai dit au dĂ©but de cet article en JĂ©sus, Dieu est prĂ©sent et nous rencontre. Cette conviction, conforme au tĂ©moignage du Nouveau Testament, lâimmense majoritĂ© des chrĂ©tiens la partage. Une question les diffĂ©rencie, les oppose et les divise comment sâarticulent dans la personne de JĂ©sus le divin et lâhumain, comment sâopĂšre la jonction ? Deux thĂšses sâaffrontent. Selon la premiĂšre, se produit une compĂ©nĂ©tration. Osons une comparaison un peu triviale avec le cafĂ© au lait. Au dĂ©part, cafĂ© et lait se trouvent dans deux pots diffĂ©rents, Ă cĂŽtĂ© lâun de lâautre. Quand on les verse dans le mĂȘme bol, on obtient du cafĂ© au lait ; ensuite, on ne peut plus revenir en arriĂšre, les disjoindre, isoler le cafĂ© du lait. De maniĂšre analogue, divinitĂ© et humanitĂ©, sĂ©parĂ©es et distinctes au dĂ©part, se mĂ©langent en JĂ©sus le Christ, deviennent indĂ©mĂȘlables, nâexistent plus lâune sans lâautre. Quand vous avez Dieu, vous avez aussi JĂ©sus et quand vous avez JĂ©sus, vous avez aussi Dieu. Dans cette perspective, on dira que Marie est mĂšre de Dieu ». Ă strictement parler, elle est mĂšre de JĂ©sus, mais, puisque Dieu est lĂ oĂč est JĂ©sus, on peut bien lâappeler mĂšre de Dieu ». Des cantiques de NoĂ«l parlent du berceau de Dieu, des langes de Dieu ils ne vont pas jusquâaux couches divines Ă changer, ce qui perturberait leur Ă©lan poĂ©tique. On dĂ©clare que Dieu est crucifiĂ© et meurt Ă Golgotha. On adresse priĂšres et adoration Ă JĂ©sus. Il est Dieu incarnĂ© en un homme de mĂȘme que le cafĂ© sâincarne dans le lait. Pour la seconde thĂšse, divinitĂ© et humanitĂ© ne sâamalgament pas, mais sâattachent lâune Ă lâautre, comme deux voitures dâune rame de TGV. Ă la diffĂ©rence des trains classiques avec des wagons quâon peut dĂ©crocher les uns des autres, elles sont indissociables ; les dĂ©coupler est impossible, elles vont toujours ensemble. Elles restent cependant diffĂ©rentes ; vous ĂȘtes dans la voiture 5 ou la voiture 6, pas dans les deux Ă la fois ; si vous voulez aller au bar, vous devez nĂ©cessairement traverser dâautres voitures, mais ces autres voitures ne sont pas le bar. De mĂȘme en JĂ©sus Christ, lâhumanitĂ© et la divinitĂ© sont reliĂ©es lâune Ă lâautre, la premiĂšre conduit Ă la seconde, mais sans aucun mĂ©lange ; il y a des choses qui appartiennent Ă Dieu et non Ă JĂ©sus ainsi la connaissance du jour oĂč aura lieu la fin, Mt 24,36 ; dâautres appartiennent Ă JĂ©sus et non Ă Dieu câest JĂ©sus et non pas Dieu qui est tentĂ©. Ici, on considĂšre que Marie est mĂšre de lâhomme JĂ©sus, pas de Dieu ; que berceau et langes sont ceux du bĂ©bĂ© JĂ©sus, pas de Dieu ; et quâĂ Golgotha, câest JĂ©sus qui meurt, pas Dieu. On ne prie pas JĂ©sus ce serait de la jĂ©sulĂątrie », idolĂątrie de lâhomme JĂ©sus, on prie Dieu au nom de JĂ©sus. JĂ©sus nâest pas Dieu, mais lâhomme en qui Dieu se r Ă©vĂšle. Devant de telles spĂ©culations thĂ©ologiques, on a envie de demander Ă ceux qui en dĂ©battent savamment ce quâils en savent. Un scepticisme de bon aloi pousserait Ă renvoyer les deux thĂšses dos Ă dos faute de preuves. Je ne le ferai cependant pas. Je me sens proche de la deuxiĂšme qui me semble mieux rendre compte que la premiĂšre de cette relation faite de proximitĂ© et de distance, dâintimitĂ© et dâaltĂ©ritĂ© que je crois discerner dans le Nouveau Testament. * On pourra lire pour approfondir les questions de la TrinitĂ© et de la divinitĂ© du Christ deux livres dâAndrĂ© Gounelle Parler de Dieu, Ă©d. Van Dieren 2004 et Parler du Christ, Ă©d. Van Dieren, 2003. DonPour faire un don, suivez ce lienDans les pages qui suivent, jâaborde les textes de la Bible en ayant constamment en tĂȘte mon ministĂšre pastoral, et ce quâil implique parfois lâaccompagnement de couples en difficultĂ©s, de personnes divorcĂ©es, de personnes remariĂ©es. Mais aussi en mâattachant Ă une lecture la plus fidĂšle possible. Avant dâaller de lâavant il faut ajouter une prĂ©cision. La Bible utilise en gĂ©nĂ©ral le terme ârĂ©pudiationâ lĂ oĂč nous disons âdivorceâ. MĂȘme si lâinverse Ă©tait considĂ©rĂ© comme possible cf. Mc ; cf. 1 Co la rĂ©pudiation câĂ©tait, le plus souvent, le renvoi de la femme par son mari, sans que celle-ci ait son mot Ă dire. Cela nous choque. Les droits de la femme Ă©taient loin dâĂȘtre ce quâils sont aujourdâhui. Et il est Ă©vident que le chrĂ©tien peut se rĂ©jouir des acquis des sociĂ©tĂ©s modernes sur ce plan. On doit se souvenir que les textes bibliques Ă©manent dâune autre Ă©poque. Cela ne doit pas nous dĂ©courager dây trouver la Parole de Dieu Parole divine donnĂ©e Ă une Ă©poque ancienne certes, mais Parole quâil nous faut entendre et retranscrire pour notre Ă©poque. LâANCIEN TESTAMENT PERMET-IL LE DIVORCE ? Que dit lâAncien Testament sur le divorce ? MĂȘme si le chrĂ©tien se tourne prioritairement vers les textes du Nouveau Testament, il ne peut ignorer les passages plus anciens qui en constituent lâarriĂšre-plan. Interdiction du divorce Deux textes de la loi interdisent explicitement la rĂ©pudiation dans des circonstances particuliĂšres lorsquâun homme accuse faussement sa femme dâavoir eu des relations sexuelles avant le mariage Dt ; lorsquâun homme a Ă©pousĂ© la jeune fille non-fiancĂ©e quâil avait contrainte Ă des relations sexuelles Dt Un autre texte de lâAncien Testament interdit explicitement le divorce Malachie On y trouve, au verset 16, la parole divine âJe hais la rĂ©pudiationâ. On peut lui donner le sens suivant. AprĂšs avoir critiquĂ© la pratique du mariage mixte le prophĂšte sâoppose Ă la rĂ©pudiation v. 13-16. Pour justifier leur pratique du divorce, des hommes auraient invoquĂ© lâexemple dâAbraham qui a rĂ©pudiĂ© Hagar Gn 16 et 21. Le verset 15 y ferait allusion. Il faudrait le traduire âPas un nâa fait cela avec un reste de bon sens. Et pourquoi lâun â Abraham lâa fait ? Parce quâil cherchait une descendance de Dieu ! Gardez votre bon sens ! Ne trahissez pas la femme de votre jeunesse !â Selon cette hypothĂšse, le prophĂšte chercherait Ă prĂ©senter la rĂ©pudiation dâHagar comme un cas unique liĂ© Ă la nĂ©cessitĂ© de protĂ©ger Isaac, le descendant promis. Câest lâoption de la traduction du Semeur. La difficultĂ© avec cette interprĂ©tation, câest quâHagar nâĂ©tait pas la femme de la jeunesse dâAbraham. On peut comprendre lâallusion probable Ă Abraham dâune autre maniĂšre. Le prophĂšte proposerait en exemple le fait quâil nâa jamais rĂ©pudiĂ© Sara â la femme de sa jeunesse â quand bien mĂȘme elle ne lui donnait pas de descendance. Dans ce cas il faudrait traduire le verset 15 âPas mĂȘme ce cas unique â Abraham â nâa fait cela bien quâil ne lui reste quâun souffle. Et que reprĂ©sente ce cas unique qui cherchait une descendance de Dieu ?1. Gardez votre bon sens ! Que personne ne trahisse la femme de sa jeunesse !â Le prophĂšte invoquerait lâexemple emblĂ©matique de lâancĂȘtre Abraham. Ă lâarriĂšre-plan de ce verset il y aurait la pratique de la rĂ©pudiation pour cause dâinfĂ©conditĂ© de la femme 2. La rĂ©pudiation pour un tel motif Ă©tait haĂŻssable aux yeux du Seigneur. PossibilitĂ© du divorce ? Le texte de DeutĂ©ronome prĂ©sente une loi casuistique, c'est-Ă -dire une loi formulĂ©e Ă partir de situations particuliĂšres. Toute la question est de savoir oĂč, dans le texte, se trouve la loi, et Ă quel cas prĂ©cis veut-elle rĂ©pondre ? Selon la traduction de la Nouvelle Bible Segond on aurait deux disposi- tions lĂ©gislatives. La premiĂšre, au verset 1, Ă©tablirait lâobligation dâĂ©crire une lettre de rupture en cas de rĂ©pudiation. La seconde disposition se trouverait dans les versets 2-4 elle concernerait lâimpossibilitĂ©, pour le mari qui a rĂ©pudiĂ© sa femme, de la reprendre Ă lui si, dans lâintervalle, elle a Ă©tĂ© remariĂ©e Ă un autre homme. Selon cette traduction, ce texte proposerait donc deux lois une sur lâobligation de remettre une lettre de divorce en cas de rĂ©pudiation et la seconde sur lâimpossibilitĂ© dâun cas particulier de remariage. Mais la grande majoritĂ© des commentateurs actuels rejette cette façon de lire DeutĂ©ronome 24. La TOB ou La Bible du Semeur proposent une autre traduction dans laquelle les versets 1-3 constituent lâexplicitation du cas particulier, et le verset 4 la loi en tant que telle Si un homme rĂ©pudie sa femme en lui remettant une lettre de divorce, quâelle quitte sa maison et se remarie Ă un autre homme, que ce second mari la rĂ©pudie Ă nouveau selon la mĂȘme procĂ©dureâŠâŠ alors son premier mari ne pourra pas la reprendre pour Ă©pouse. Selon cette comprĂ©hension, il nây a pas deux lois, mais une seule, qui concerne lâimpossibilitĂ© dâun type particulier de remariage un homme ne peut pas reprendre celle quâil a rĂ©pudiĂ©e si elle a Ă©tĂ© remariĂ©e entre- temps. Si cette lecture est juste, et cela semble bien ĂȘtre le cas au regard de sa conformitĂ© au texte hĂ©breu, ce texte ne donne aucune prescription sur le divorce, il ne lĂ©galise pas une forme de divorce. Il reconnaĂźt simplement que la pratique de la rĂ©pudiation existait lorsquâun homme trouvait âquelque chose dâinconvenantâ chez sa femme. En fait, comme le dit Christopher Wright, le divorce comme le mariage Ă©taient encadrĂ©s par la juridiction familiale privĂ©e et non par les codes de lois civiles quâon trouve dans les Ă©crits bibliques 3. On peut sâĂ©tonner devant lâimprĂ©cision du motif de la rĂ©pudiation âquelque chose dâinconvenantâ. Lâexpression hĂ©braĂŻque erwĂąt dabar pourrait littĂ©ralement se traduire la nuditĂ© des choses. Le terme erwĂąh est, presque toujours dans la Bible, un euphĂ©misme pour dĂ©signer les parties sexuelles par exemple Lv Lâexpression semble donc avoir affaire avec une forme dâinconvenance sexuelle, sans quâil soit possible dâĂȘtre beaucoup plus prĂ©cis. La loi sinaĂŻtique ne prescrit donc pas le divorce. Tout au plus peut-on dire quâelle reconnaĂźt lâexistence dâune pratique encadrĂ©e par la juridiction familiale. Toute la question pour nous est de savoir ce que vaut cette reconnaissance vaut-elle approbation ou non ? Il est difficile de rĂ©pondre sur la base de ce seul texte. Toutefois, quand on sait que dâautres lois interdisent expressĂ©ment la rĂ©pudiation voir Dt on peut admettre que, en mentionnant la pratique sans lâinterdire, cette loi lui reconnaĂźt une certaine lĂ©gitimitĂ©. Des divorces imposĂ©s Les livres dâEsdras 9-10 et de NĂ©hĂ©mie racontent comment, aprĂšs le retour de lâexil, des JudĂ©ens mariĂ©s Ă des femmes Ă©trangĂšres furent dans lâobligation de les rĂ©pudier. Mais on peut considĂ©rer que lâon a affaire ici Ă une situation tout Ă fait exceptionnelle. Avec ces mariages, le schĂ©ma qui avait conduit Ă lâexil babylonien risquait de se reproduire cf. Esd ; NĂ© ? Câest pour Ă©viter de revivre le trauma- tisme de lâexil que ces mesures exceptionnelles furent prises. JĂSUS PERMET-IL LE DIVORCE ? LâAncien Testament nâest pas trĂšs loquace sur le divorce. Il me semble que, plutĂŽt que dâinterdire le divorce, la dĂ©marche vĂ©tĂ©rotestamentaire consiste Ă en limiter la pratique afin dâĂ©viter des situations trop injustes pour ses premiĂšres victimes les femmes. Ce point de vue se confirmera Ă la lecture du Nouveau Testament, Ă commencer par les passages des en Matthieu que, pour la premiĂšre fois, on trouve le verbe rĂ©pudier dans la bouche du Seigneur âIl a aussi Ă©tĂ© dit Quiconque rĂ©pudie sa femme doit lui donner un certificat de rupture. Mais moi je vous dis que toute personne rĂ©pudiant sa femme, exceptĂ© pour cause dâinconduite sexuelle, lâexpose Ă ĂȘtre adultĂšre et quiconque Ă©pouse une rĂ©pudiĂ©e est adultĂšreâ. Ă y regarder de plus prĂšs, on se rend compte que la prĂ©occupation essentielle de cette dĂ©claration câest de mettre en Ă©vidence deux situations dâadultĂšre Celui qui rĂ©pudie sa femme, sauf pour inconduite, lâexpose Ă devenir adultĂšre ; Celui qui Ă©pouse une rĂ©pudiĂ©e sous entendu sauf celle qui a Ă©tĂ© rĂ©pudiĂ©e pour inconduite ? est adultĂšre. Nos deux versets sâinscrivent dans le contexte dâun enseignement sur lâadultĂšre Matthieu Ce passage apparaĂźt dans le fameux chapitre du sermon sur la montagne oĂč JĂ©sus donne son interprĂ©tation de certaines lois. Tous les passages sont introduits par la formule âVous avez entendu quâil a Ă©tĂ© dit⊠Mais moi je vous disâ En revanche lâintroduction du est plus courte âil a aussi Ă©tĂ© ditâŠâ. On peut donc en dĂ©duire que JĂ©sus ne cherche pas Ă examiner une nouvelle loi mais plutĂŽt quâil prolonge sa rĂ©flexion sur lâadultĂšre par lâĂ©vocation de cas concrets. JĂ©sus ne se prononcerait donc pas ici sur le divorce en tant que tel, mais plutĂŽt sur des situations liĂ©es au divorce risquant de conduire Ă lâ ne signifie pas que ce texte ne dit rien sur le divorce, mais, mĂ©tho- dologiquement, ce nâest pas de lui quâil faut commencer. Ce texte dit, directement, ce que JĂ©sus pense de lâadultĂšre, et indirectement seulement, un aspect de sa pensĂ©e sur le divorce. Ce texte doit ĂȘtre interprĂ©tĂ© Ă la lumiĂšre des autres textes oĂč JĂ©sus parle du // Marc racontent, avec quelques diffĂ©rences, le rĂ©cit dâune conversation entre JĂ©sus et des pharisiens. Ces derniers lâinterpellent sur la question de la rĂ©pudiation. On est donc en plein dans notre sujet. On admet en gĂ©nĂ©ral que les pharisiens demandaient Ă JĂ©sus de prendre position dans un dĂ©bat qui agitait le judaĂŻsme Ă cette Ă©poque. Sây opposaient deux Ă©coles rivales correspondant Ă deux maniĂšres dâinterprĂ©ter le texte de DeutĂ©ronome 24, particuliĂšrement lâexpression vague âQuelque chose dâinconvenantâ Dt LâĂ©cole libĂ©rale du rabbin Hillel donnait Ă cette expression un sens trĂšs large on pouvait rĂ©pudier sa femme pour un motif aussi futile quâun plat mal cuit 4. Quand les pharisiens, selon le texte de Matthieu, demandent sâil est permis Ă un homme de rĂ©pudier sa femme âpour nâimporte quel motifâ, ils font directement allusion Ă cette Ă©cole libĂ©rale. En face, il y avait lâĂ©cole du rabbin ShammaĂŻ, beaucoup plus rigoriste, qui pensait que lâadultĂšre Ă©tait le seul motif valable de divorce. JĂ©sus va-t-il prendre position dans ce dĂ©bat ? Quelle est sa position Ă lui, le Seigneur ? Le mariage dâabord, la permission du divorce ensuite Remarquons que JĂ©sus ne prend pas directement position. Selon le rĂ©cit de Matthieu, il renvoie les pharisiens aux ordonnances crĂ©ationnelles sur le mariage Mt Dans le rĂ©cit de Marc, il rĂ©pond par une question âQue vous a commandĂ© MoĂŻse ?â Le verbe âcommanderâ est trĂšs fort. On a vu que, formellement, DeutĂ©ronome 24 nâest pas un commandement sur le divorce ; il est donc permis de penser quâen utilisant un verbe aussi fort, JĂ©sus espĂ©rait conduire les pharisiens vers dâautres commandements directement vers les ordonnances du mariage dans les rĂ©cits de crĂ©ation ou peut-ĂȘtre vers les commandements de MoĂŻse interdisant explicitement le divorce et ainsi, par ricochet, vers les ordonnances crĂ©ationnelles. Il est certain en tout cas, selon le rĂ©cit de Matthieu, que câest bien au mariage que JĂ©sus a pensĂ© en premier. On peut donc penser que câest vers le mariage, et tout le sĂ©rieux quâil faut attacher aux ordonnances divines, quâil espĂ©rait aussi orienter les pharisiens selon le rĂ©cit de premiĂšre rĂ©action de JĂ©sus est dĂ©jĂ pleine dâenseignement. Alors que la tendance actuelle en cas de difficultĂ© conjugale conduit Ă penser dâabord âdivorceâ, lâattitude de JĂ©sus est, pour le chrĂ©tien et a fortiori pour le pasteur et la dĂ©marche pastorale, un rappel important elle invite Ă penser dâabord âmariageâ. Câest lui quâil faut valoriser, câest lui quâil faut tenter de sauver. Et ceci en vertu de lâordonnance crĂ©ationnelle qui prime sur la permission conduit Ă une seconde remarque. Selon le rĂ©cit de Marc, les phari- siens ont bien perçu la subtilitĂ© introduite par JĂ©sus avec le verbe âcommanderâ. Certes ils ne vont pas le suivre mais ils vont recentrer le dĂ©bat sur la rĂ©pudiation en Ă©voquant la permission mosaĂŻque â et non le commandement â de DeutĂ©ronome On retrouve, dans le rĂ©cit matthĂ©en, le mĂȘme glissement du verbe commander vers le verbe permettre, Ă cette diffĂ©rence prĂšs que ce sont les pharisiens qui utilisent le premier et JĂ©sus le second Mt Quoi quâil en soit de cette diffĂ©rence, le glissement est lĂ , et il est important. Il Ă©tait au cĆur de la conversation entre JĂ©sus et les rĂ©cit rappelle clairement que la Torah ne contient pas de commandement sur le divorce, mais seulement une permission, Ă cause de la duretĂ© du cĆur humain. Une permission est moins quâun commandement, mais câest plus quâune simple tolĂ©rance. En permettant, le Seigneur accorde, il valide la possibilitĂ© du divorce. Si la parole du Seigneur invite Ă tout faire pour tenter de sauver un mariage en difficultĂ©, elle admet aussi lâexistence de cas limites, de cas oĂč le Seigneur lui-mĂȘme valide la possibilitĂ© de la sĂ©paration. Une telle permission, validĂ©e par le Seigneur, doit ĂȘtre prise comme une porte ouverte, une vraie possibilitĂ© offerte pour se reconstruire en dehors du cadre destructeur dâun mariage devenu toxique. Toute la question est de savoir Ă quelle situation sâapplique cette permission. Le sens de la clause dâexception Ceci nous conduit Ă examiner la fameuse clause dâexception de cf dĂ©jĂ Mt âJe vous dis que quiconque renvoie sa femme, sauf pour inconduite sexuelle pornĂ©ia, et en Ă©pouse une autre est adultĂšreâ. Ici se cristallise le dĂ©bat. Ă la diffĂ©rence prĂšs de la clause dâexception et de lâexpression âenvers elleâ, la phrase est strictement identique en Marc En Luc en dĂ©pit de termes diffĂ©rents, le sens est le mĂȘme. Matthieu est donc le seul Ă contenir cette clause dite dâexception. Nous ne croyons pas quâil sâagit dâun ajout matthĂ©en5.Que dĂ©signe exactement le mot pornĂ©ia ? Dans les textes bibliques ce mot a plusieurs sens Prostitution. Câest le sens premier. Le terme grec pour dĂ©signer la prostituĂ©e est pornĂ©. Voir Matthieu ; Luc ; 1 Corinthiens Câest aussi dans ce sens quâil est utilisĂ© mĂ©taphoriquement Ap ; La racine dĂ©signe le fait de se prostituer la prostituĂ©e est appelĂ©e la pornĂ© , mais aussi le fait de sâunir Ă une prostituĂ©e. Relations sexuelles incestueuses. Le terme dĂ©signe quelquefois des unions interdites par la loi juive en raison dâun degrĂ© de consanguinitĂ© trop Ă©troit Lv Câest le sens en 1 Corinthiens Peut-ĂȘtre aussi en Actes et Sâil fallait donner ce sens restreint au terme dans la clause dâexception, JĂ©sus affirmerait que certaines unions devraient ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme non valides aux yeux de Dieu en raison dâun degrĂ© trop Ă©troit de consanguinitĂ©. La clause ne serait donc pas une permission de divorce mais plutĂŽt la reconnaissance de lâinvaliditĂ© de certaines unions conjugales aux yeux de Dieu. Cela rejoint le point de vue catholique qui refuse le divorce mais reconnaĂźt quâil existe des cas de nullitĂ© de mariage. Ce ne sont pas des annulations mais des dĂ©clarations de nullitĂ©. Un mariage est dĂ©clarĂ© nul et non avenu parce quâil nâa pas respectĂ© certaines rĂšgles constitutives dâun mariage valide. La difficultĂ© avec cette interprĂ©tation, câest quâelle donne un sens peu courant au mot pornĂ©ia. En 1 Corinthiens le contexte impose ce sens. Mais rien dans notre contexte ne lâimpose. Ce nâest pas parce que le terme a ce sens dans un passage du Nouveau Testament quâil faut lâimposer ailleurs. Surtout lorsque ce nâest pas le sens le plus courant. AdultĂšre. LĂ encore ce nâest pas un sens courant. On le trouve dans la LXX, en Nombres ou en JĂ©rĂ©mie Mais le grec a un autre mot plus spĂ©cifique pour dĂ©signer lâadultĂšre moicheia. Ce mot spĂ©cifique apparaĂźt dâailleurs dans le contexte de la clause dâexception Mt et ce qui conduit Ă penser que les deux termes ont ici un sens diffĂ©rent. JĂ©sus ne dirait donc pas que lâadultĂšre est le seul motif lĂ©gitime de divorce. Il se distancierait ainsi de la position de ShammaĂŻ. Inconduite sexuelle. Dans plusieurs passages le mot a un sens moins clairement dĂ©fini Mc ; 1 Co ; Il Ă©voque toute forme dâinconduite sexuelle lâadultĂšre ou la prostitution, bien sĂ»r, mais pas uniquement. Plus largement, tout comportement qui ne correspond pas Ă un usage de la sexualitĂ© conforme Ă la volontĂ© divine. Dans la pensĂ©e de Dieu, la sexua- litĂ© est un geste dâamour accompli dans le cadre du mariage ; elle suppose la fidĂ©litĂ© et le respect du conjoint. Tout ce qui sort de ce cadre peut ĂȘtre qualifiĂ© de pornĂ©ia. Ainsi, en DeutĂ©ronome les relations sexuelles avant le mariage sont dĂ©signĂ©es, dans la Septante, avec le verbe porneuĂŽ. Mais bien dâautres attitudes pourraient ĂȘtre concernĂ©es harcĂšlement sexuel, exhi- bitionnisme⊠On pourrait aussi penser Ă des situations plus actuelles comme lâhabitude de frĂ©quenter, sur Internet, des tchats pornographiques⊠Nâayant aucune indication dans notre contexte pour donner un sens spĂ©cifique au terme, câest ce sens plus gĂ©nĂ©ral quâil faut conserver. JĂ©sus dirait que toute forme de sexualitĂ© ne correspondant pas Ă la volontĂ© de Dieu pourrait ĂȘtre une cause lĂ©gitime de comprĂ©hension de la clause dâexception nous conduit Ă faire la remarque suivante comme en DeutĂ©ronome le contenu nâest pas fixĂ© avec prĂ©cision. JĂ©sus nâutilise pas le mot moicheia et donc ne limite pas la possibilitĂ© du divorce Ă lâadultĂšre. Certes JĂ©sus nâouvre pas la permission du divorce aussi largement que le faisait Hillel. La raison est Ă©vidente. Pour lui le mariage est une institution divine et en aucun cas il ne voulait en relativiser lâimportance. En cas de difficultĂ©, il faut tout faire pour le sauver âQue lâhomme ne sĂ©pare pas ce que Dieu a uniâ. JĂ©sus ne cherche pas non plus Ă banaliser le divorce. La formulation de la phrase qui contient la clause le dĂ©montre ; en toute rigueur JĂ©sus ne permet pas le divorce, il lâinterdit, sauf dans certains cas⊠Il fait preuve de la plus grande prudence car un divorce infondĂ© fait courir le risque du pĂ©chĂ© dâadultĂšre. Mais le fait de ne pas Ă©noncer avec prĂ©cision les motifs permettant le divorce est significatif. Pour JĂ©sus il ne sâagissait pas, comme le faisait ShammaĂŻ, de dĂ©finir de façon prĂ©cise les conditions de possibilitĂ© dâun divorce. JĂ©sus nâa pas une approche lĂ©galiste. Il ouvre une autre dĂ©marche ne pas trop prĂ©ciser, afin de maintenir une porte ouverte lorsque le mariage, trop profondĂ©ment atteint, affecte gravement et blesse irrĂ©mĂ©diablement lâun au moins des conjoints. Garder une porte ouverte sans toutefois cĂ©der Ă la banalisation. Telle est la ligne de crĂȘte, Ă©troite mais nĂ©cessaire, pour refuser tout laxisme, mais aussi pour maintenir la possibilitĂ© dâun nouveau dĂ©part en cas dâĂ©chec avĂ©rĂ© du mariage. Lâapproche de JĂ©sus nâest ni lĂ©galiste, ni libĂ©rale. Câest une approche pastorale, qui privilĂ©gie la compassion sans tomber dans le laxisme. LâAPĂTRE PAUL PERMET-IL LE DIVORCE ? Câest dans 1 Corinthiens que lâon trouve les paroles principales de lâapĂŽtre concernant le divorce et le remariage. De prime abord, lorsquâon lit ces versets, particuliĂšrement les versets 10-11, on pourrait se dire que la cause est entendue. LâapĂŽtre serait opposĂ© au divorce âQue la femme ne se sĂ©pare pas de son mari⊠et que le mari nâaban- donne pas sa femmeâ ; le mariage serait indissoluble, de la maniĂšre la plus absolue, tant que lâun des conjoints est vivant ; seule la mort est susceptible de libĂ©rer de ce lien cf. Rm et 1 Co comprĂ©hension des textes de Paul est encore assez rĂ©pandue, notamment chez un grand spĂ©cialiste Ă©vangĂ©lique Gordon Fee 7. Mais, si on lâadopte, on doit se demander Comment lâapĂŽtre a-t-il reçu la clause dâexception formulĂ©e par JĂ©sus ? Ne la connaissait-il pas, lui qui prĂ©tend parler au nom du Seigneur ? Et surtout ne se contre-dirait-il pas avec ce quâil dit un peu plus loin ? En effet, ne laisse-t-il pas entendre, au verset 15, que le mari et la femme peuvent ĂȘtre libĂ©rĂ©s du lien du mariage alors que les deux sont toujours vivants ? Rappel du contexte Pour comprendre ces versets, on ne peut pas faire lâimpasse sur le contexte. DĂšs le dĂ©but du chapitre lâapĂŽtre rĂ©pond Ă des questions concernant le mariage8. Pour comprendre ces rĂ©ponses, il est important de chercher Ă saisir les questions Ă lâarriĂšre-plan et leur reconstitution de la situation de lâĂglise de Corinthe fait lâobjet dâun large consensus 9. Des membres de lâĂglise Ă©taient fortement influencĂ©s par les premiĂšres manifestations dâune philosophie Ă©trangĂšre Ă la Bible, connue au IIĂšme siĂšcle sous le nom de gnosticisme. Certes, Ă lâĂ©poque oĂč Paul Ă©crit le gnosticisme nâest pas encore connu comme tel. Mais les prĂ©mices de cette façon de penser se font dĂ©jĂ sentir. On a aussi appelĂ© ces courants âspiritualistesâ Ă cause de lâaccent mis sur lâesprit au dĂ©triment du corps seul compterait lâesprit ; les rĂ©alitĂ©s corporelles seraient indiffĂ©rentes, voire nuisibles Ă lâesprit. Dâune telle conception naissait deux attitudes opposĂ©es celle qui affirmait que lâon peut faire ce que lâon veut de son corps, que cela nâa aucune incidence sur lâesprit ; et celle qui affirmait que lâon doit brider toutes les rĂ©alitĂ©s corporelles pour sele judaĂŻsme contemporain de JĂ©sus, le divorce impliquait le droit au remariage. En effet le talmud indique que la lettre de divorce comportait la formule âTu es libre de te remarierâ14. Des documents juridiques de la colonie juive dâĂlĂ©phantine, en Ăgypte, allaient dans le mĂȘme sens 15. Les pharisiens qui venaient Ă JĂ©sus avaient en tĂȘte le texte de DeutĂ©ronome 24 et aussi la pratique courante telle quâelle est reflĂ©tĂ©e dans ces documents du judaĂŻsme. Pour eux, rĂ©pudiation et droit au remariage allaient de pair. Si JĂ©sus avait voulu sâopposer Ă cette conception courante, il aurait normalement dĂ» le signifier. Certains, Ă la suite de JĂ©rĂŽme au IVĂšme siĂšcle, ont affirmĂ© que la clause dâexception doit sâappliquer Ă la premiĂšre partie de la phrase seulement mais pas Ă la deuxiĂšme. Ainsi JĂ©sus admettrait, dans certains cas, la possibilitĂ© de sĂ©paration, mais en aucun cas il ne permettrait le remariage. En dâautre terme il aurait voulu dire âQuiconque rĂ©pudie sa femme, sauf en cas dâinconduite sexuelle, commet un adultĂšre et quiconque se remarie, dans tous les cas, commet un adultĂšreâ. Mais cette interprĂ©tation soulĂšve des difficultĂ©s. Elle impliquerait que la rĂ©pudiation, mĂȘme sans remariage, serait un adultĂšre. Or dans la pensĂ©e biblique, lâadultĂšre suppose une relation sexuelle. Sauf Ă redĂ©finir le sens de ce mot, on ne voit pas trĂšs bien comment le simple fait de se sĂ©parer de son conjoint serait un adultĂšre. De plus, si JĂ©sus avait Ă©voquĂ© ici deux situations diffĂ©rentes, il aurait Ă©tĂ© logique que lâannonce du rĂ©sultat de ces deux situations soit au pluriel âCelui rĂ©pudie sa femme, sauf en cas de pornĂ©ia, et celui qui se remarie sont adultĂšresâ. Ou bien alors, comme en Matthieu il aurait dĂ» rĂ©pĂ©ter Ă chaque fois le rĂ©sultat âCelui qui rĂ©pudie sa femme â sauf en cas de pornĂ©ia â commet lâadultĂšre et celui qui se remarie commet lâadultĂšreâ16. La maniĂšre la plus logique de lire cette phrase, câest donc de considĂ©rer que JĂ©sus nâĂ©voque ici quâune seule situation celle dâun homme qui rĂ©pudie sa femme puis se remarie. CâĂ©tait en effet la situation courante. JĂ©sus ne lâinterdit pas, mais, sollicitĂ© sur la question du divorce, sa rĂ©ponse se dĂ©place vers le remariage. Il dit âattention, si on divorce pour un motif futile, on commet lâadultĂšre en se remariant !â La parole de JĂ©sus âQue lâhomme ne sĂ©pare pas ce que Dieu a uniâ est souvent invoquĂ©e pour affirmer que la rĂ©pudiation dont parle la Bible ne rompt pas le lien conjugal. En effet les hommes ne seraient pas capables de dĂ©faire ce que Dieu a fait. Mais H. Blocher fait remarquer que JĂ©sus nâa pas dit âLâhomme ne peut pas sĂ©parer ce que Dieu a uniâ mais âQue lâhomme ne sĂ©pare pasâŠâ17. Câest trĂšs diffĂ©rent. On pourrait mĂȘme pous- ser plus loin la parole de JĂ©sus et dire que lâhomme, en fait, peut sĂ©parer ce que Dieu a uni, mais, en principe, il ne doit pas le faire. Paul Sorti de son contexte, 1 Corinthiens pourrait apparaĂźtre comme uneinterdiction absolue âSi elle sâest sĂ©parĂ©e, quâelle demeure sans se remarierâ. Mais on a vu que cette parole sâadressait spĂ©cifiquement au conjoint qui a pris lâinitiative de la sĂ©paration pour le seul motif ascĂ©tique. Paul reconnaĂźt que cette personne est non-mariĂ©e, mais elle nâa pas le droit de se remarier. On dira pourquoi tout Ă lâheure. De plus on a vu que Paul permettait, lui aussi, une possibilitĂ© de sĂ©paration. Admettait-il alors la possibilitĂ© du remariage dans ce cas prĂ©cis ? Il ne le dit pas clairement. Cependant les termes forts quâil utilise conduisent Ă le penser si les conjoints sĂ©parĂ©s sont agamoĂŻ donc dans une situation similaire Ă celle du cĂ©libataire et si au moins celui qui subit la sĂ©para- tion nâest pas liĂ© donc dans une situation similaire Ă celle des veufs on a toutes les raisons de croire quâil pouvait se remarier. On peut mĂȘme penser quâen interdisant explicitement le remariage dans une situation, cela implique quâil le permettait implicitement dans lâautre situation. Mais pourquoi lâinterdire dans un cas et pas dans lâautre ? Nâest-ce pas faire deux poids deux mesures ? Non. Il faut bien rĂ©aliser que dans les deux cas la situation est trĂšs diffĂ©rente. Le verset 11 sâadresse Ă une personne qui a choisi de se sĂ©parer pour une raison qui ne constitue pas une atteinte directe au lien du mariage. Son dĂ©sir dâascĂ©tisme est un motif purement personnel qui ne met pas en cause lâattitude du conjoint. Il est donc logique dans ce cas, si cette personne ne souhaite pas reve- nir vers son conjoint, quâelle demeure non mariĂ©e, puisque tel est son choix. Au verset 15 la situation est toute diffĂ©rente. Le conjoint chrĂ©tien nâa pas dĂ©cidĂ© lui-mĂȘme de se sĂ©parer. Il est obligĂ© dâaccepter la situation que les circonstances lui imposent, un peu comme les veufs et veuves. Lâattitude du conjoint dĂ©serteur atteint en profondeur la relation du mariage, elle la rend impossible. Le conjoint abandonnĂ© doit donc ĂȘtre considĂ©rĂ© comme dĂ©liĂ© de ses engagements antĂ©rieurs. Il est donc logique quâil ait le droit de se remarier. Nous avons donc aux versets 11 et 15 deux situations bien distinctes dans un cas un divorce choisi sans motif valable mais un divorce tout de mĂȘme ! ; dans lâautre un divorceimposĂ© rendant impossible la poursuite de la relation conjugale. Dans un cas le remariage nâest pas possible, dans lâautre, il lâest. DEUX CLAUSES DâEXCEPTION OU DEUX EXEMPLES DE CLAUSES DâEXCEPTION ? La Bible mentionne expressĂ©ment deux motifs de divorce lâinconduite sexuelle et la dĂ©sertion du conjoint non-chrĂ©tien. Faut-il considĂ©rer que ce sont les deux seules raisons possibles ?Quâen est-il, par exemple, lorsque câest un conjoint chrĂ©tien qui est coupable de dĂ©sertion ? Certes, lâapproche pastorale conduira Ă le rencontrer et Ă Ćuvrer dans le sens dâune rĂ©conciliation. Mais sâil ne veut rien entendre ? Comment accompagner le conjoint dĂ©sertĂ© ? Faut-il le considĂ©rer comme dĂ©liĂ© ? Faut-il considĂ©rer le dĂ©serteur comme un paĂŻen au motif quâil refuse dâĂ©couter lâĂglise selon la suggestion du Seigneur lui-mĂȘme ; cf. Mt ? Et quâen est-il dâautres situations commela violence, lâalcool⊠? Ou encore de situations infiniment plus compliquĂ©es, lorsque les torts sont difficiles Ă Ă©tablir, que la relation sâest dĂ©gradĂ©e au cours des annĂ©es et que le mĂ©pris a pris la place de lâamour ? Doit-on considĂ©rer quâil nây a lĂ aucun motif valable de divorce ?Toute la question est de savoir si la Bible prĂ©sente une liste exhaustive de clauses dâexception ou bien sâil sâagit plutĂŽt dââexceptions typeâ dont la liste ne serait pas exhaustive ? Je voudrais plaider pour cette deuxiĂšme notons que les motifs invoquĂ©s pour permettre le divorce restent relativement imprĂ©cis. Câest particuliĂšrement vrai dans DeutĂ©ronome 24. Ăa le reste dans la bouche de JĂ©sus. On peut noter aussi que lâapĂŽtre Paul ne prĂ©cise pas le motif qui pousse le conjoint non-chrĂ©tien Ă se sĂ©parer cf. 1 Co Cette attitude qui consiste Ă ne pas trop prĂ©ciser les choses â contrairement Ă ce que faisait ShammaĂŻ par exemple â me paraĂźt significative. Câest une attitude qui tend vers lâouverture plutĂŽt que vers la fermeture. Cela traduit le dĂ©sir de prendre en compte chaque cas individuellement plutĂŽt que dâĂ©tablir des normes prĂ©cises quâil faudrait appliquer froidement sans tenir compte des situations. Cette maniĂšre de faire ouvre la possibilitĂ© dâune certaine libertĂ© pour permettre un accompagnement pastoral adaptĂ© et Ă©vite les piĂšges du lĂ©galisme. JĂ©sus ne recommande pas le libĂ©ralisme de Hillel, loin sâen faut, mais il ne fait pas non plus lâĂ©loge du rigorisme de ShammaĂŻ. Sâil est ferme dans son appui du maiage, il est aussi humain envers la souffrance dâautrui. En cela on peut penser quâil a modelĂ© lâattitude de Paul qui sâest senti la libertĂ©, en considĂ©rant la souffrance des conjoints dĂ©sertĂ©s, de permettre la reconnaissance dâun nouveau cas de nous devons prendre en compte la nature des textes bibliques Ă©tudiĂ©s. Aucun dâeux ne constitue un exposĂ© Ă part entiĂšre sur le thĂšme du divorce. Tous sont des rĂ©actions Ă des situations existantes une loi casuistique dans un cas, la rĂ©ponse Ă une question posĂ©e sur la possi- bilitĂ© dâun divorce pour nâimporte quel motif dans un autre cas, la prisede position par rapport Ă des situations engendrĂ©es par la confrontation Ă des philosophies et des attitudes Ă©manant du monde paĂŻen dans un dernier cas. Pas dâexposĂ© thĂ©orique, mais des rĂ©actions. Câest la raison pour laquelle Paul ne fait aucune mention de la clause dâexception du Seigneur. Pour lui ce nâĂ©tait pas le sujet. La prise en compte de cette rĂ©alitĂ© oblige Ă penser quâon ne trouve dans aucun texte un exposĂ© exhaustif sur la question du divorce. Ă chaque fois nous trouvons plutĂŽt un effort de contextualisation. Ă chaque fois il sâagit de faire tenir ensemble plusieurs paramĂštres la pensĂ©e de Dieu sur le mariage, la pensĂ©e humaine fortement entachĂ©e de pĂ©chĂ©, mais aussi la souffrance que les crises du mariage ne manquent pas dâengendrer. Or, il se trouve que si la pensĂ©e de Dieu sur le mariage ne change pas, la rĂ©alitĂ© du pĂ©chĂ© et les causes de souffrances sont, elles, multiformes. Et cela oblige Ă refaire constamment le travail de contextualisation. LâapĂŽtre Paul a pour nous une attitude exemplaire. Il ne campe pas sur la clause dâexception du Seigneur, mais il adopte la mĂȘme attitude que lui il tient compte de la pensĂ©e divine sur le mariage âquâon ne se sĂ©pare pasâ mais aussi de la rĂ©alitĂ© du pĂ©chĂ© et des souffrances quâelle engendre âsi elle est sĂ©parĂ©eâ, âsi le non-croyant se sĂ©pareâ. Câest cette Ćuvre de contextualisation que lâapproche pastorale, confrontĂ©e Ă une grande diversitĂ© de situations, doit constamment nombreux hommes de Dieu, dans des situations trĂšs diverses, ont dĂ©jĂ plaidĂ© pour la poursuite de cet effort de contextualisation. Luther a pensĂ© que le refus par un conjoint des relations sexuelles rendait possible le divorce ; MĂ©lanchton le pensait des mauvais traitements ; Bucer allait jusquâĂ proposer lâincompatibilitĂ© dâhumeur ; plus rĂ©cemment Dabney invoque un mari qui contraindrait sa femme Ă avorter ou une femme qui avorterait Ă lâinsu de son mari ou encore un mari qui bat sa femme ou ses enfants de maniĂšre habituelle ; R. Beckwith Ă©voque la cruautĂ© perverse, le refus du mari de pourvoir aux besoins de sa femme ou de ses enfants, et mĂȘme lâopposition dĂ©libĂ©rĂ©e aux dĂ©cisions raison- nables du mari sur des points importants18.Henri Blocher pose la question âPuisque lâapĂŽtre, inspirĂ©, a eu lâauda- ce dâĂ©tendre Ă la dĂ©sertion ce que JĂ©sus nâavait dit que de la fornication, pouvons-nous comme lui allonger la liste, lâĂ©tendre Ă dâautres fautes graves ?â19 R. Somerville est disposĂ© Ă aller dans ce sens, âĂ condition de ne pas nous placer dans une perspective purement juridique ce qui reviendrait Ă dire, dans telle ou telle situation, le divorce est autorisĂ©, mais plutĂŽt dans une perspective pastorale ne sommes-nous pas dans une situation oĂč lâinterdiction de divorcer deviendrait un esclavage, alors que le mariage est, de fait, brisĂ© ?â20.Il est Ă©vident quâune telle dĂ©marche nĂ©cessite de la prudence. En aucun cas, elle ne doit ouvrir la porte au laxisme. Le soutien franc et massif de la Parole de Dieu au mariage doit demeurer une ligne directrice ferme. Ce soutien franc doit empĂȘcher de livrer le lien du mariage Ă des motifs de ruptures futiles. Nos textes refusent explicitement le remariage lorsque le motif de la sĂ©paration ne constitue pas une atteinte directe au cĆur du mariage et aux engagements qui le fondent ainsi de la sĂ©paration pour un motif purement personnel, Ă©goĂŻste 21. Mais on a aussi admis que lorsque le motif de la sĂ©paration constituait une atteinte directe au cĆur un mariage et aux engagements qui le fondent, par exemple le refus de fidĂ©litĂ© ou de vie commune, alors le remariage devenait possible, et donc le divorce lĂ©gitime. De tels Ă©lĂ©ments peuvent guider dans le discernement et lâaccompagnement pastoral.aXLzuEm.